Ligne 2
La ligne 2 traverse la rive droite de la capitale d'est en ouest et inversement. À chaque bout de la ligne, nous avons un territoire monumental, ouvert, vaste, impressionnant. Entre les deux, une incroyable variété de situations urbaines qui témoignent de la diversité des quartiers parisiens, de leur populations, de leurs identités. Les vêtements affichent d'autres coloris, les corps d'autres gestes, les véhicules d'autres standards. Le siège du PCF, architecturé par Oscar Niemeyer, n'est qu'à quelques encablures de Barbès et du célèbre magasin populaire Tati, qui voisine avec Pigalle et ses boîtes de solitudes affectives, et plus loin les Beaux Quartiers, plus guindés, distants, arborés, pas vraiment triomphants mais indéniablement riches, aisés.
La fenêtre du métropolitain évoque un écran dans lequel le voyageur voit son reflet tout en observant à l'extérieur du wagon. Pierre-Yves Brunaud propose différents panoramas comme autant d'arrêts sur les stations du métropolitain parisien, plus précisément sur la ligne n°2, Nation / Porte Dauphine. Ces deux terminus de la ligne 2 ont une forte valeur symbolique : l'un évoque la révolution de 1789 et l'autre la royauté, ce qui laisse entendre des tensions, des contradictions, des oppositions.
Ce regard photographique si original, si instructif, si émouvant aussi, exprime bel et bien ce qui caractérise la grande ville, son tourbillon de chalands plus ou moins affairés, sa chorégraphie improvisée des scooters, vélos, autos, la fierté des vitrines et des façades qui bombent le torse et font les yeux doux.
La grande ville est diverse et changeante. Les panoramas de Pierre-Yves Brunaud corroborent subtilement une telle évidence. Ils nous sont familiers pour autant que nous pourrions y figurer. Ce sont des photos de famille. Des portraits de stations avec groupes d'individus. Ils réclament de l'attention. Arrêtez-vous sur chacun d'eux, pour bien scruter les moindres détails. La ville est dans le détail.
Thierry Paquot (revue Urbanisme)