Être Rivière

Être Rivière

[ Recherches en cours ]
 

« Un bassin-versant est quelque chose de merveilleux à prendre en compte : ce processus (pluie, cours d’eau, évaporation des océans) fait que chaque molécule d’eau sur terre fait le grand voyage tous les deux millions d’années. La surface de la Terre est sculptée en bassins-versants – une sorte de ramification familiale, une charte relationnelle et une définition des lieux. Le bassin-versant est la première et la dernière nation dont les limites, bien qu’elles se déplacent subtilement, sont indiscutables. [...] Du plus petit des ruisseaux situés au sommet de l'arête jusqu'au tronc principal d'une rivière approchant les plaines, la rivière ne constitue qu’un seul lieu et qu’une seule terre. » ( 1 )

 

« Si je veux étudier la vie des images de l’eau, il me faut donc rendre leur rôle dominant à la rivière et aux sources de mon pays [...] Mais le pays natal est moins une étendue qu’une matière ; c’est un granit ou une terre, un vent ou une sécheresse, une eau ou une lumière. C’est en lui que nous matérialisons une rêverie ; c’est par lui que notre rêve prend sa juste substance ; c’est à lui que nous demandons notre couleur fondamentale. » ( 2 )

 

« De même que les bassins fluviaux naturels, ceux de notre conscience humaine sont désormais presqu’entièrement apprivoisés - réduits à des chenaux uniformes au travers desquels le message est toujours le même, à savoir : la présomption de croire en la capacité des êtres humains de se modeler et de modeler la nature parce qu’il s’agirait là de leur tâche, de leur devoir et de leur droit. [...]

Réhabiter est un terme biorégional évoquant la reconstruction d’une façon d’être arrogante et destructrice par rapport au territoire, pour réapprendre, au contraire, à vivre avec le territoire. [...] Mais réhabiter signifie aussi et surtout permettre à la nature sauvage d’exister de façon à pouvoir puiser notre inspiration dans le travail de restauration des méandres sauvages de notre conscience, car c’est là que nous pouvons entrer en contact avec la grammaire de la Terre, comprendre qui nous sommes vraiment et ce que nous devons faire pour nous placer dans le juste contexte pour une réciprocité intense, directe et organique avec tout ce qui nous entoure.

Ainsi lorsque nous remontons le courant à la recherche de la source des dégâts, c’est un peu comme si nous remontions les bassins fluviaux de notre conscience, et que nous nous sentions finalement à nouveau chez nous » ( 3 )

 
(1) Gary Snyder, in « Accéder au bassin-versant », 1992
(2) Gaston Bachelard, in « L’eau et les rêves », 1941
(3) Giuseppe Moretti, in « Bassins fluviaux de la conscience », 1996
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