Skytrain [ Bangkok ]

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Le métro aérien de la capitale thaï, dénommé Skytrain ou BTS (Bangkok Transit System) est opérationnel depuis 1999. Ce serpent de béton à deux lignes se faufile à vingt mètres d’altitude entre les buildings et dessert surtout les quartiers luxueux du centre-ville.

 

À Bangkok, la géologie est ainsi faite qu’il est quasiment impossible d’envisager de construire en sous-sol : la ville est bâtie sur un terrain marécageux quadrillé par les klongs, ces canaux historiques dont la cartographie a fortement influencé le développement urbain actuel et qui drainent l’humidité des sols. Rien d’étonnant alors de constater que les premiers étages des buildings sont très souvent dévolus aux parkings, parfois même jusqu’au dixième étage. Célèbre pour son trafic routier record et son air irrespirable, la Cité des Anges a vu le nombre de ses véhicules en circulation augmenter de 40% en dix ans. Une façon d’échapper à la pollution et aux nuisances sonores des larges boulevards saturés serait donc de gérer les nouveaux flux à plusieurs mètres du sol, tel que l’ont imaginé nombre d’auteurs de science-fiction urbaine ?

 

Avec la mise en service des lignes de Skytrain, les conditions de circulation se sont un peu améliorées. Mais le prix du ticket est si prohibitif qu’il reste - encore aujourd’hui - réservé à une élite. En urbanisme comme dans les arts graphiques, une ligne partage, sépare ou rassemble deux territoires, deux populations. Ici, les gens « d’en haut » qui ont les moyens de prendre le métro ne touchent plus terre ; les passerelles piétonnes et les « hubs » climatisés sont directement connectés aux tours de bureaux et aux centres commerciaux, au-dessus de la pollution et de la chaleur suffocante des artères saturées « d’en bas » ; en guise d'illustration, un voyageur métropolitain se déplacerait environ 6 fois plus vite que le passager d’un bus ou d’un taxi, inversement plus économiques. Tout un symbole pour une société thaï à deux vitesses !

 

Cette urbanisation verticale si sauvage serait donc associée à une forme de ségrégation et de « stratification » sociales ?